Auteure : Leïla
Slimani
Editions : Gallimard
Genre : Contemporain
Date de sortie : 2016
Nombre
de pages : 240
Quatrième de couverture
Lorsque
Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari
de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la
recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui
conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place
centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se
refermer, jusqu'au drame.
Mon
avis
[Si vous n’avez pas lu ce
livre, je ne vous conseille pas de lire cet article parce que j’ai besoin de
parler !]
Qui n’a jamais entendu
parler de ce Prix Goncourt 2016 ? Qui a été traumatisé par cette histoire ?
Non je retire ma dernière question… enfin peut-être pas, on en reparlera. Avec
une amie, on a décidé de faire une Lecture Commune autour de ce livre et nos
discussions étaient vraiment supers, l’histoire nous a amené à débattre sur pas
mal de choses.
D’ailleurs, avant d’entrer
dans le vive du sujet, je voudrais parler de l’écriture qui est juste
incroyable, elle est d’une fluidité et Leïla Slimani nous transmet beaucoup de
choses en parfois très peu de mots. Elle nous instaure une atmosphère de
malaise qui ne nous lâche pas et c’est juste fou, cette manière de nous
présenter ses personnages. Vraiment, elle a une écriture que j’apprécie
beaucoup, ce roman ne se lit pas, il se dévore.
Maintenant, parlons de l’histoire
ou plutôt du traumatisme que peut engendrer cette lecture, héhé ! L’histoire
commence tragiquement, on entre tout de suite dedans, on sait directement à quoi
on va être confronté : la mort des enfants tués par leur nounou Louise, et il
va faire qu’on passe le reste du bouquin avec cette image dans la tête. Dès le
premier paragraphe, elle nous met chaos et après, on doit prendre sur soi pour
continuer et apprendre comment tout cela a pu se produire. Rien que ça, c’est
du génie.
On nous plante ensuite le
décor d’une famille imparfaite. Tout au long de l’histoire, on se dit que toute
cette famille a sa part de responsabilité parce que c’est aussi la critique de la société actuelle et d’un
monde où l’employeur est roi. Alors certes, cela ne justifie EN RIEN l’acte
abominable de Louise, mais on se dit qu’en plus d’avoir de sérieux problèmes
psychologiques, elle n’a pas été aidée.
Venons-en donc à Louise.
Dès le début, c’est elle qui a dégagé le caractère malsain de cette histoire. A
un moment donné, elle parvient même à nous faire de la peine de par sa vie et
de part ceux qui l’emploient, par la mise en place de petites situations qui
pourraient paraître insignifiantes (du génie, je vous dis). On apprend dès les
premières pages qu’elle a tué deux gosses mais on finit par ressentir de l’empathie
pour elle… Bien entendu, cela ne dure pas puisqu’on sent bien qu’elle a un
problème mais c’est dingue que l’espace d’un instant, l’auteure soit parvenue à
nous faire sentir le contraire.
Il est temps que nous
abordions la fin qui est, en réalité, le début. Ma déception a été immense dû au
fait que nous n’avons aucune réponse. Mila s’en est-elle sortie ? Est-ce
que Louise a en réalité tué sa propre fille ? On nous laisse comme ça
comme deux ronds de flan (ouais je sors l’artillerie lourde des expressions).
Et la seule chose que j’ai su dire à la fin c’est « mais pourquoi ? »
Pourquoi s’arrêter d’une telle manière ? Pour tout vous dire, des mois
après avoir lu ce livre, je me dis ça rajoute au génie !
Leïla Slimani est une
magnifique découverte ! Ce livre est un coup de cœur malgré la fin qui m’a
profondément déçu au moment de le lire. L’histoire est juste folle et l’écriture
est une merveille. Je lis rarement des Prix Goncourt mais je suis enchantée d’avoir
lu celui-ci.
Titre original : Chanson douce
Réalisation : Lucie
Borleteau
Année : 2019
Durée :
1h40
Mon
analyse
Karin Viard, grande
prêtresse du cinéma français. Cette actrice est incroyable et ce rôle,
perturbant à souhait, lui va à ravir. On est tout de suite charmé par le
casting ; depuis Tout ce qui brille,
je suis une grande fan de Leïla Bekhti (et de Géraldine Nakache soit dit en
passant). L’acteur qui joue Paul le père de famille, je l’avais déjà vu dans La
vie scolaire donc autant vous dire qu’avec ces trois acteurs, j’étais impatiente
de voir le film même si j’appréhendais légèrement.
A la différence du livre,
on ne commence pas par la fin, donc on nous amène tout doucement mais sûrement
à cette fin inéluctable. Il y a de nombreuses petites différences entre le
livre et son adaptation mais elles ne sont pas énormes au point de se dire qu’elles
ont dénaturées l’œuvre en elle-même.
Le problème, c’est qu’à mon
sens, le film n’implique pas assez les parents, ils n’ont pas assez leur part
de responsabilité. Quant aux enfants, et particulièrement la petite Mila, elle
n’est pas du tout la même, c’est une petite tout à fait normale, elle n’a pas
les mêmes problèmes que celle du roman.
Louise n’a pas la même vie,
on ne connaît pas son passé et elle semble ne pas avoir d’enfant. Il n’y a pas
la même implication que dans le livre, et du coup, tout n’est que de la faute
de Louise. Certes, c’est un ensemble de choses qui provoquent son comportement
(même si de base, elle a un gros problème psychologique) mais d’autres éléments
perturbateurs viennent aggraver la situation. Certaines scènes, pour montrer le
caractère problématique de la nounou sont différentes, par exemple, celle du
pipi dans le pot pour bébé devant Mila.
Et puis, autre élément
important : qui a voulu que Karin Viard se retrouve si souvent nue ?
Est-ce que c’était nécessaire ? Bon, il faut dire que cela ajoute au côté
dérangeant du personnage et au fait que sa relation avec Myriam soit peut-être ambiguë.
Bon c’est bon, je viens de me convaincre. Il y a vraiment plein de petites
choses qui sont différentes.
Pour ce qui est de la fin,
elle nous laisse sur autant de suspens que le livre puisqu’on ne sait pas si
les enfants ont survécu, on ne voit rien (et tant mieux). Après, on se doute au
vu de la quantité de sang, on n’a pas trop de doutes… mais sait-on jamais, on
pourrait avoir un espoir.
J’ai beaucoup aimé cette
adaptation ! Je la trouve fidèle au roman dans sa globalité. Malgré
quelques petits détails qui diffèrent, on garde la même atmosphère de malaise
où on s’attend à une catastrophe à chaque instant. C’est presque un thriller.
Bref, Karin Viard est incroyable et Leïla Bekhti formidable. Ce sont de grandes
actrices et ce film est une belle adaptation !
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