mardi 28 juillet 2020

Chanson douce


Auteure :
Leïla Slimani
Editions : Gallimard
Genre : Contemporain
Date de sortie : 2016
Nombre de pages : 240

Quatrième de couverture

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

Mon avis

[Si vous n’avez pas lu ce livre, je ne vous conseille pas de lire cet article parce que j’ai besoin de parler !]

Qui n’a jamais entendu parler de ce Prix Goncourt 2016 ? Qui a été traumatisé par cette histoire ? Non je retire ma dernière question… enfin peut-être pas, on en reparlera. Avec une amie, on a décidé de faire une Lecture Commune autour de ce livre et nos discussions étaient vraiment supers, l’histoire nous a amené à débattre sur pas mal de choses.

D’ailleurs, avant d’entrer dans le vive du sujet, je voudrais parler de l’écriture qui est juste incroyable, elle est d’une fluidité et Leïla Slimani nous transmet beaucoup de choses en parfois très peu de mots. Elle nous instaure une atmosphère de malaise qui ne nous lâche pas et c’est juste fou, cette manière de nous présenter ses personnages. Vraiment, elle a une écriture que j’apprécie beaucoup, ce roman ne se lit pas, il se dévore.

Maintenant, parlons de l’histoire ou plutôt du traumatisme que peut engendrer cette lecture, héhé ! L’histoire commence tragiquement, on entre tout de suite dedans, on sait directement à quoi on va être confronté : la mort des enfants tués par leur nounou Louise, et il va faire qu’on passe le reste du bouquin avec cette image dans la tête. Dès le premier paragraphe, elle nous met chaos et après, on doit prendre sur soi pour continuer et apprendre comment tout cela a pu se produire. Rien que ça, c’est du génie.

On nous plante ensuite le décor d’une famille imparfaite. Tout au long de l’histoire, on se dit que toute cette famille a sa part de responsabilité parce que c’est aussi la critique de la société actuelle et d’un monde où l’employeur est roi. Alors certes, cela ne justifie EN RIEN l’acte abominable de Louise, mais on se dit qu’en plus d’avoir de sérieux problèmes psychologiques, elle n’a pas été aidée.

Venons-en donc à Louise. Dès le début, c’est elle qui a dégagé le caractère malsain de cette histoire. A un moment donné, elle parvient même à nous faire de la peine de par sa vie et de part ceux qui l’emploient, par la mise en place de petites situations qui pourraient paraître insignifiantes (du génie, je vous dis). On apprend dès les premières pages qu’elle a tué deux gosses mais on finit par ressentir de l’empathie pour elle… Bien entendu, cela ne dure pas puisqu’on sent bien qu’elle a un problème mais c’est dingue que l’espace d’un instant, l’auteure soit parvenue à nous faire sentir le contraire.

Il est temps que nous abordions la fin qui est, en réalité, le début. Ma déception a été immense dû au fait que nous n’avons aucune réponse. Mila s’en est-elle sortie ? Est-ce que Louise a en réalité tué sa propre fille ? On nous laisse comme ça comme deux ronds de flan (ouais je sors l’artillerie lourde des expressions). Et la seule chose que j’ai su dire à la fin c’est « mais pourquoi ? » Pourquoi s’arrêter d’une telle manière ? Pour tout vous dire, des mois après avoir lu ce livre, je me dis ça rajoute au génie !

Leïla Slimani est une magnifique découverte ! Ce livre est un coup de cœur malgré la fin qui m’a profondément déçu au moment de le lire. L’histoire est juste folle et l’écriture est une merveille. Je lis rarement des Prix Goncourt mais je suis enchantée d’avoir lu celui-ci.



🍼🍼🍼



Titre original : Chanson douce
Réalisation : Lucie Borleteau
Année : 2019
Durée : 1h40

Mon analyse

Karin Viard, grande prêtresse du cinéma français. Cette actrice est incroyable et ce rôle, perturbant à souhait, lui va à ravir. On est tout de suite charmé par le casting ; depuis Tout ce qui brille, je suis une grande fan de Leïla Bekhti (et de Géraldine Nakache soit dit en passant). L’acteur qui joue Paul le père de famille, je l’avais déjà vu dans La vie scolaire donc autant vous dire qu’avec ces trois acteurs, j’étais impatiente de voir le film même si j’appréhendais légèrement.

A la différence du livre, on ne commence pas par la fin, donc on nous amène tout doucement mais sûrement à cette fin inéluctable. Il y a de nombreuses petites différences entre le livre et son adaptation mais elles ne sont pas énormes au point de se dire qu’elles ont dénaturées l’œuvre en elle-même.

Le problème, c’est qu’à mon sens, le film n’implique pas assez les parents, ils n’ont pas assez leur part de responsabilité. Quant aux enfants, et particulièrement la petite Mila, elle n’est pas du tout la même, c’est une petite tout à fait normale, elle n’a pas les mêmes problèmes que celle du roman.

Louise n’a pas la même vie, on ne connaît pas son passé et elle semble ne pas avoir d’enfant. Il n’y a pas la même implication que dans le livre, et du coup, tout n’est que de la faute de Louise. Certes, c’est un ensemble de choses qui provoquent son comportement (même si de base, elle a un gros problème psychologique) mais d’autres éléments perturbateurs viennent aggraver la situation. Certaines scènes, pour montrer le caractère problématique de la nounou sont différentes, par exemple, celle du pipi dans le pot pour bébé devant Mila.

Et puis, autre élément important : qui a voulu que Karin Viard se retrouve si souvent nue ? Est-ce que c’était nécessaire ? Bon, il faut dire que cela ajoute au côté dérangeant du personnage et au fait que sa relation avec Myriam soit peut-être ambiguë. Bon c’est bon, je viens de me convaincre. Il y a vraiment plein de petites choses qui sont différentes.

Pour ce qui est de la fin, elle nous laisse sur autant de suspens que le livre puisqu’on ne sait pas si les enfants ont survécu, on ne voit rien (et tant mieux). Après, on se doute au vu de la quantité de sang, on n’a pas trop de doutes… mais sait-on jamais, on pourrait avoir un espoir.

J’ai beaucoup aimé cette adaptation ! Je la trouve fidèle au roman dans sa globalité. Malgré quelques petits détails qui diffèrent, on garde la même atmosphère de malaise où on s’attend à une catastrophe à chaque instant. C’est presque un thriller. Bref, Karin Viard est incroyable et Leïla Bekhti formidable. Ce sont de grandes actrices et ce film est une belle adaptation !

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