Toutes les histoires d'amour du monde

Auteur : Baptiste Beaulieu

Editions : Mazarine (ebook)

Genre : Roman

Date de sortie : 2018

Nombre de pages : 470

Résumé

Lorsqu’il découvre dans une vieille malle trois carnets renfermant des lettres d’amour, le père de Jean sombre dans une profonde mélancolie. 

Jean, lui, tombe des nues : Moïse, son grand-père, y raconte toute l’histoire de sa vie. Plus incroyable encore, Moïse adresse son récit à une inconnue  : Anne-Lise Schmidt.
Qui est cette femme ? Et surtout qui était-elle pour Moïse  ? Comment quelqu’un de si chaleureux et sensible dans ses lettres a-t-il pu devenir cet homme triste et distant que père et fils ont toujours connu ?

Naviguant entre les grands drames du xxe siècle et des histoires d’amour d’aujourd’hui glanées dans une tentative éperdue de faire passer un message à son père, Jean devra percer le lourd secret d’un homme et lever le voile sur un mystère qui va chambouler toute une famille…

Mon avis

J’ai envie de vous dire tellement de choses sur ce livre, cette magnifique histoire, cette merveille que j’espère pouvoir tout dire sans rien oublier et vous transmettre un peu de ce que j’ai pu ressentir.

J’entends parler de Baptiste Beaulieu depuis un moment et la curiosité l’a emporté quand j’ai vu son dernier livre sur NetGalley France. Je ne peux que les remercier infiniment, ainsi que les éditions Mazarine de m’avoir donné l’immense chance de pouvoir lire Toutes les histoires d’amour du monde parce que c’est un incroyable coup de cœur (je ne laisse pas de suspens et vous le dis tout de suite !) Ce livre m’a complètement bouleversé, vraiment je ne suis qu’amour pour cette histoire.

On ressent tellement de choses… on a la sensation d’avoir vécu une vie. Ce livre représente les hasards de la vie et tout ce que les évènements extérieurs produisent sur notre existence.

Commençons par l’histoire : même si le prénom de notre héros du présent a changé, on sent dès le début que c’est l’auteur qui parle. Déjà, parce que Baptiste Beaulieu est un médecin tout comme Jean et qu’il nous parle de la détresse des patients comme il le fait dans la vraie vie sur les réseaux sociaux. Par la suite, on apprend son homosexualité et certains indices dont le fait de raconter certaines choses d’une certaine manière nous amènent à penser de plus en plus que c’est lui. Et puis, à la fin, on en doute quasiment plus. Quand il commence à raconter l’histoire de son grand-père à travers les lettres que ce dernier a laissées, nous faisons la connaissance de notre héros du passé, Moïse. Moïse, le grand-père de Jean a connu les deux grandes guerres mondiales : la Première alors qu’il n’avait que quelques années lui a volé son père et la Seconde lui a volé sa fille alors qu’elle n’avait elle-même que quelques années. Ce livre, c’est son histoire et nous en prenons connaissance grâce à la retranscription de son petit-fils. Moïse avait une vie tranquille avant que la guerre n’entre dans sa vie. Il était un fils aimé par son père et sa mère (même si cette dernière ne lui a jamais montré). Il a perdu de la famille et des amis au cours de sa vie mais n’a jamais cessé de penser à eux et de les incorporer à son existence.

Tout juste sorti de l’adolescence, il tombe plus ou moins amoureux d’une amie d’enfance sans trop savoir ce que c’est et plus par nécessité mais quand la guerre survient (Seconde Guerre Mondiale), il mène une tout autre vie au point de se dire qu’en réalité, il vit désormais sa vraie vie. Il devient rapidement prisonnier de guerre et c’est à partir de cet instant que sa vie bascule (je n’en dis pas plus même si j’en ai déjà beaucoup trop dit au cours de cette chronique). On est face à sa situation familiale désastreuse et face à un monde en perdition sans savoir ce que demain sera fait… C’est de cette manière qu’en arrivant en Allemagne, il finit par se lier à bien d’autres personnes dont des Allemands qui ne voulaient pas de cette guerre et qui subissent le nouveau dirigeant qu’est Hitler (mais pas autant que Moïse qui est français). Ce que je veux dire, c’est qu’en temps de guerre, on ne peut pas faire confiance à tout le monde mais lorsqu’on le fait, que la personne soit amie ou ennemie, elle entre dans nos vies et se grave en nous. C’est le cas pour Moïse. En effet, sans jamais trahir ses convictions, il s’en est sorti grâce à des gens qui ne voulaient pas de tout cela. Par certains côtés, cela me rappelle Un Goût de cannelle et d’espoir de Sarah McCoy par cette volonté de montrer qu’on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier.

La fin du livre marque un espoir, celui de retrouver une femme qui n’était qu’une enfant à l’époque mais qui a bouleversé la vie d’un père mais aussi celle d’un frère qui ne l’a jamais connu. Baptiste Beaulieu nous donne un nom pour que nous puissions peut-être l’aider et j’espère sincèrement que ce sera le cas, que quelqu’un reconnaîtra ce nom et l’histoire de cette petite fille qui manque tant à des personnes qui ne la connaissent pas mais qui pourtant l’aiment déjà. J’espère vraiment que cela aboutira à quelque chose.

En plus de l’histoire de Moïse, il est aussi question d’un père qui demande de l’aide à son fils mais aussi son pardon et d’un fils qui ne cherche que l’affection de son père. Les deux se mentent pour mieux se protéger mais éprouvent une infinie tristesse de ne pas pouvoir se dire les choses et de s’éloigner l’un de l’autre. Ils sont si touchants dans leur silence et ces mots qu’ils n’osent exprimer. Le non-dit n’apporte rien et ne fait que rendre la rancœur plus grande. Les deux histoires parallèles étroitement liées sont incroyablement superbes. Ce livre est une véritable histoire d'amour tout en en racontant plusieurs, pleine de sensibilité et d'humanité. C'est même un roman sur l'amour et la tolérance. Une petite pépite quoi !

Cette histoire est une merveille, j’ai pleuré et eu beaucoup de mal à m’en détacher. A cet homme qu’il a peu connu, je trouve que c’est un bel hommage que Jean/Baptiste lui rend à celui qui disait peu mais n’en pensait pas moins. Cette histoire va aussi peut-être vous donner envie d’aller voir vos grands-parents en leur disant « raconte-moi ta vie » parce qu’on ne connaît pas forcément leur vie passée. Maintenant, mon job va être de soûler mes proches pour qu’ils lisent ce livre. Challenge accepted !