vendredi 10 février 2017

Anna Karénine

Auteur : Léon Tolstoï
Editions : Folio Classique
Genre :
Littérature étrangère / Drame romantique
Date de sortie :
13-10-1994
Nombre de pages :
928


Synopsis


La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute société pétersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna Karénine en fera la douloureuse expérience. Elle qui ne sait ni mentir ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par la trahison d'Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et séduisante n'est pas d'avoir succombé à la passion dévorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassé, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l'humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition. Mais sa quête est vaine, c'est une "femme perdue".

(Livraddict)

Mon avis

Une prof de littérature russe à la fac avait parlé de ce roman et les extraits qu’elle avait choisis étaient si beaux qu’ils m’ont donné envie de le lire. Toutefois, c’est surtout le film de Joe Wright qui m’a poussé à me plonger dans ce livre.

Léon Tolstoï est un formidable auteur qui a parfois tendance à se perdre dans ses descriptions mais il n’en reste pas moins un génie et son roman Anna Karénine est un classique de la littérature.

Le roman de Tolstoï porte le nom de son héroïne éponyme mais en réalité il y a beaucoup plus d’histoires en jeu. Une deuxième histoire d’amour voit le jour, c’est celle de Lévine et Kitty qui affrontent des hauts et des bas mais qui finissent par se retrouver. Elle est tout aussi présente que l’amour entre les deux héros et méritent tout autant notre considération. J’aime profondément l’idée que Lévine ait perdu une bataille avec le grand amour de sa vie mais n’ait pas perdu la guerre. Il veut abandonner mais ne renonce jamais complètement. En cela, j’admire beaucoup Lévine. Toutefois, un amour surpasse tous les autres : c’est celui de Vronski pour Anna qui est incroyablement fort et puissant (les deux adjectifs se méritent). Le jeune homme est beaucoup plus épris que l’héroïne, elle est amoureuse de lui bien sûr mais c’est plus une volonté possessive (comme avec son fils), elle devient jalouse de tout et finit par en vouloir à son amant de l’avoir éloigné de son propre enfant (elle a un esprit assez contradictoire) mais l’amour est synonyme de confiance pour le jeune homme alors que l’héroïne en est dépourvue. Elle a toujours besoin de remettre en question sa relation avec Vronski pour se prouver qu’elle a fait le bon choix d’abandonner son mari et son enfant. Cette remise en question perpétuelle la pousse à ne pas aimer la fille qu’elle a avec son amant. Elle est amoureuse de Vronski et pourtant ne supporte pas leur enfant. Quant au mari, il est aveugle car il pense que sa femme ne connaît que trop les préceptes du mariage mais la scène de la course de chevaux (scène de rupture et de révélation) lui fait réaliser que les rumeurs sont vraies. D’ailleurs, le fait qu’elle aime deux hommes qui portent le même prénom mais n’ont pas du tout le même caractère montre qu’Anna est un personnage complexe.


C’est un très beau roman qui nous raconte des histoires d’amour incroyables mais troublées entre de grands personnages de la littérature russe. Malgré des descriptions parfois un peu longues, l’histoire en elle-même est magnifique (ou plutôt les histoires). Qui ne rêverait pas d’être aimé comme Vronski aime Anna ?


Titre original : Anna Karenina
Réalisation :
Joe Wright
Année :
2012
Durée :
2h10

Mon analyse

J’ai lu le livre pour voir à tout prix cette adaptation car j’adore son réalisateur dont j’ai pu voir plusieurs de ses films (il est connu pour ses adaptations de romans à succès comme Orgueil et Préjugés et Reviens-moi) et la bande-annonce de ce dernier film était vraiment attirante. Nous retrouvons encore une fois une de ses actrices fétiches (après trois films, je pense qu’on peut le dire) : Keira Knightley. D’ailleurs, on voit une ribambelle d’acteurs du grand et du petit écran dont notre timide Mr Darcy si étrange de le voir en bon vivant ainsi que Jude Law, le Kick-Ass Aaron Taylor-Johnson ou encore notre Bill Weasley, Domhnall Gleeson.

Le réalisateur Joe Wright a dû édulcorer certains passages car, en 2 heures de film, c’est compliqué de transmettre 928 pages. Sa version est théâtrale (les attitudes et les danses le sont aussi). On a l’impression de changer de décor juste par le fait que la caméra tourne (n’est-ce pas cela que l’on appelle « travelling » ?). Pour qu’on ait le sentiment d’assister à une pièce de théâtre, il y a peu de scènes d’extérieurs. De plus, le personnage d’Anna en lui-même est déjà théâtral, cela se ressent au moment de son accouchement où, telle une tragédienne, elle pense mourir et tente de réunir les deux hommes de sa vie dans un dernier élan de vie. Elle parvient à leur demander l’impossible alors qu’elle se croit sur le point de mourir.

Certaines différences (ou suppressions) sont plus flagrantes que d’autres, et en l’occurrence, Joe Wright a décidé de ne pas montrer la tentative de suicide de Vronski après l’accouchement d’Anna, au moment où tout le monde la pense sur le point de mourir. Je trouve dommage qu’il ne l’ait pas fait car cela renforce davantage l’amour de Vronski pour sa bien-aimée car il prouve qu’il ne peut et ne veut vivre sans elle. Il en va de même pour la fin du film, on ne voit pas l’engagement de Vronski pour la guerre ; selon moi, cette scène montre que le jeune homme n’accorde plus d’importance à sa propre vie après la perte de son grand amour. Ces éléments rendent l’amour de Vronski pour Anna plus puissant dans le livre, même si le voir pleurer, après l’accouchement de sa fille, a brisé mon petit cœur. La comparaison avec Boule de Suif de Guy de Maupassant est encore plus marquante dans cette adaptation. En effet, tou(te)s les ami(e)s d’Anna et de Vronski (plus particulièrement la princesse Betsy jouée par notre Jane Eyre Ruth Wilson) se demandent pourquoi la jeune femme n’a pas encore « craqué » pour son futur amant et quand elle le fait, tout le monde le lui reproche. Quant à l’histoire d’amour entre Lévine et Kitty, elle est beaucoup moins exploitée dans le film et c’est dommage car elle est tout aussi belle que celle des deux protagonistes ; on pourrait presque en faire un deuxième film.


Bien que théâtrale, j’ai beaucoup apprécié cette adaptation, surtout grâce aux différents acteurs. Toutefois, je préfère le Vronski du livre car ses sentiments sont bien plus forts et ses preuves d’amour beaucoup plus flagrantes. C'est une réalisation vraiment très originale.


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