vendredi 31 mai 2019

Mygale & La Piel que habito

Auteur : Thierry Jonquet
Editions : Folio
Genre : Thriller
Date de sortie : 2012
Nombre de pages : 160

Quatrième de couverture
Ève ? Qui est-elle ? Qui est Richard Lafargue, l’homme qui la promène à son bras dans les soirées mondaines puis l’enferme à double tour dans une chambre ? Pourquoi ce sourire subtil sur les lèvres de la jeune femme et autant de rage si mal contenue sur les traits creusés de son compagnon ? Pourquoi vivre ensemble si c’est pour se haïr avec tant de passion ? Drôle de couple… Quel incompréhensible passé lie ces deux être hors du commun qui se cachent la plupart du temps derrière les murs de leur villa si tranquille ? Pourquoi les paroles si douces de The Man I love deviennent-elles entre eux l’expression radicale de la haine la plus absolue ?

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Titre original : La Piel que habito
Réalisation : Pedro Almodóvar
Année : 2011
Durée : 1h57
Mon avis


Je vais être tout de suite honnête avec vous : j’ai été traumatisée par l’adaptation cinématographique La Piel que habito, réalisé par Pedro Almodóvar. Et pour rajouter une couche à mon traumatisme, il fallait que je lise le livre qui l’a inspiré, bien sûr ^^ Il était incroyable et tellement… ingénieux (je ne sais pas si c’est le bon terme pour l’instant mais vous comprendrez (probablement) par la suite ce que je veux dire). Cette histoire m’a subjuguée tout en me traumatisant, c’était fulgurant. A tel point que j’ai eu besoin d’en parler à tout le monde pour me décharger de toute cette… violence.

Je ne suis pas encore prête à regarder ce film à nouveau (ou alors si je le fais, je passerai volontairement certains passages), de ce fait, je ne vais pas en faire une comparaison dans l’immédiat (pour mon bien mental) dans le sens où elle n’aura pas l’aspect d’une chronique de comparaison comme j’ai l’habitude d’en faire mais parlerai tout de même de quelques différences entre le livre et le film. Enfin, on verra comment ça va se dérouler.

Vous l’aurez compris, Pedro Almodóvar s’est inspiré du thriller Mygale de Thierry Jonquet pour faire son film. L’auteur est décédé avant d’avoir pu voir l’adaptation visiblement. Le film est, déjà, esthétiquement, incroyable. Les acteurs choisis, les lieux et la mise en scène sont juste sublimes. L’actrice Elena Anaya est superbe, ils ne pouvaient pas mieux choisir pour jouer Vera. Elle est tellement belle qu’on la croirait crée par les doigts de Dieu, bon, en l’occurrence dans l’histoire, elle est créée de toutes pièces. Je vais me calmer parce que j’ai peur d’en dire trop (ou c’est peut-être déjà fait…)

Le livre (et encore plus le film) est très psychologique (je vais être obligée de spoiler pour me faire comprendre mais je mettrai les warning quand ce sera le cas). C’est une histoire psychologique parce qu’elle nous retourne le cerveau dans un premier temps mais aussi parce qu’elle a un double sens, si ce n’est plus (en particulier le film) et vous fait voir d’une autre manière l’histoire.

En quoi le film est génial (et surtout l’idée de base de Mygale) ?
/!\ SPOILER ALERT ENCLENCHÉ /!\
Un père de famille (Antonio Banderas splendide) découvre que sa fille (sa petite fille chérie) (c’est pas ironique hein, c’est le cas) (il faut que je me calme avec ces parenthèses) a été violée. Il décide de capturer le présumé violeur et c’est là que les changements s’opèrent. Dans le livre, c’est un gros sadique avec un pote mais dans le film, si mes souvenirs sont bons, il ne l’a pas violé… elle s’est cognée la tête et son père en a conclu des trucs.

A force de chirurgie et de tout un système savamment étudié, il décide d’opérer le « violeur » (guillemets pour le film) et de lui faire subir de multiples opérations pour le transformer en femme. Il veut qu’il comprenne ce que sa fille a vécu. Je trouve que la symbolique est incroyablement forte même si elle est épouvantable.

Dans le film, Vera ne sort quasiment jamais alors que dans le livre, Richard/Robert le médecin la prostitue pour se venger, tout en ayant un petit gros côté voyeur. La violence de ces scènes est impressionnante dans le livre. Finalement, on n’a plus de pitié pour personne, s’il faut en voir eu à un moment donné.

Le personnage du père est différent ainsi que celui de Vicente/Vera, plus innocent dans le film. La manière dont Vera/Eve se libère n’est pas la même non plus. Alors qu’elle le fait d’elle-même dans le film, dans le livre c’est son « ancien » meilleur ami qui ne le/la reconnaît pas et qui, par un IMMENSE hasard, vient à la libérer. Au final, elle ne tue pas tout le monde et ne part pas de son plein gré. Elle reste même pour aider Richard/Robert parce que, finalement, il y a peut-être de l’amour là-dessous.
/!\ FIN DU SPOIL /!\

Franchement, c’est hyper chelou ! C’est traumatisant de fou, je vous le dis, mais c’est tellement ingénieux d’avoir eu une telle idée d’histoire (fiction pas réalité) C’est déconcertant et ça fait grandement réfléchir sur l’idée de genre. D’ailleurs, j’ai vu ce film dans le cadre d’un cours sur les genres à la fac. Je crois que c’était un des cours les plus intéressants auquel j’ai pu assister et qui m’a permis de remettre en question cette notion de genre que l’on veut à tout prix affubler à tout le monde. Ce film, à ce sujet, est d’une richesse extraordinaire.

Quant à la mise en scène, elle est parfaite ; les plans sont tournés de manière à nous faire vivre le ressenti de chaque personnage, c’est formidable.

/!\ RE MINI SPOIL /!\ Ce qui m’avait aussi impressionné dans le film, c’est la solution que trouve Vicente/Vera pour ne pas devenir totalement folle après tout ce qu’elle a subi et pour cela, il faut avoir une force de caractère incroyable. Etant donné que Robert lui laisse le droit de regarder certaines chaînes à la télévision, elle se met à « étudier » la relaxation et ce moyen (je ne connais pas le terme exact) de trouver en soi une sorte de jardin secret où elle serait libre d’être elle-même et où elle ne perdrait pas le contrôle de ce que lui impose Robert, voire même de préparer sa vengeance, même si cela ne peut se faire que selon les hasards de son quotidien. J’ai trouvé ce côté-là passionnant. /!\ FIN DU MINI SPOIL /!\

Vraiment, ce film est génial pour toutes ces raisons, même s’il faut passer par des scènes d’une extrême violence.


J’ai bien aimé le livre mais l’adaptation de Pedro Almodóvar est une tuerie (j’ai fait exprès de choisir ce mot, ahah !) Je préfère de loin ce qu’en a fait le réalisateur espagnol parce qu’il a su y ajouter quelque chose en plus. Certes, c’est dur et violent mais c’est d'une incroyable « ingéniosité » (je mets de gros guillemets parce qu’au vu du sujet, il ne faut pas pousser) Sans le côté intolérable et wtf !?, cette œuvre est d’une grande beauté (c’est toujours du film dont je parle). Vous l’aurez compris, j’ai largement préféré le film au livre parce qu’il est bien mieux exploité mais c’est tout de même très intéressant de connaître les bases sur lesquelles Pedro Almodóvar s’est appuyées.

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