Titre original : Le Chat du Rabbin
Réalisation : Joann
Sfar et Antoine Delesvaux
Année : 2011
Durée :
1h40
Synopsis
Alger, années 1920. Le
rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle
qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le
rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est
prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin
devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend
au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en
français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le
rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un
animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d'une
Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le
rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la
route coloniale...
(Allociné)
(Allociné)
Mon
analyse
Bon, on ne va pas se
mentir, j’ai été attirée par le fait que c’est l’histoire d’un chat qui parle…
Joann Sfar est l’auteur de
la série de bandes dessinées Le Chat du
Rabbin (et de nombreuses autres œuvres), il est le co-réalisateur avec
Antoine Delesvaux de l’adaptation de sa série. C’est un film bien réalisé avec
de très beaux graphismes, on voyage énormément et on rencontre des paysages
incroyables (on en vient à vouloir peindre ces paysages de la même manière que
le jeune peintre russe).
Je
ne vais pas beaucoup m’attarder sur la question des religions (même si c’est le
thème principal) mais parler du film d’animation en général. Toutefois, je peux
quand même dire que l’histoire aborde toutes les religions : des plus
extrêmes aux plus retenues. Tous les personnages ont des points de vue
intéressants dont le Rabbin Sfar qui, bien que fermé d’esprit au début,
parvient à élargir ses horizons. Au final, les religions sont toutes remises en
question pour savoir si elles n’auraient pas toutes le même Dieu. Le Chat (oui,
parce qu’il ne porte pas de nom mais en même temps ça lui va si bien) est celui
qui commence à tout remettre en question sur le plan religieux. A peu près vers
le milieu du film, on constate que l’extrémisme mène à la mort :
extrémisme dans l’alcool, les femmes et le luxe mais aussi extrémisme dans sa
religion. Dans cette partie de l’adaptation, c’est une scène particulièrement
violente et difficile même pour un long-métrage d’animation. On s’attache à tous
les personnages mais aussi à tous les animaux. Le Chat, malgré son manque de
tact parfois, est vraiment adorable, il l’est encore plus quand il parle de son
maître et de sa maîtresse. Le lion est aussi majestueux que son maître. Quant à
l’âne, il m’a bien fait rire, en particulier quand son maître parle de lui et
il m’a fait de la peine à devoir courir derrière la voiture-camionnette pendant
que les aventuriers roulaient. En parlant d’aventurier, les deux réalisateurs
ont fait un petit clin d’œil à Tintin (avec la voix de François Damiens) et
Milou. C’est un Tintin un petit peu trop sûr de lui et prétentieux mais c’est bon
de voir une tête que l’on connaît. D’ailleurs, à ce moment de l’histoire, le
graphisme du dessin se transforme comme pour marquer une pause dans le récit
initial et devenir quelque chose qui sort de l’ordinaire. Il en va de même
quand le jeune peintre russe finit par trouver son peuple juif d’Afrique noire ;
les dessins se modifient et le style n’est plus le même.
Le langage tient un rôle
très important : le Chat l’obtient en avalant un perroquet mais il le perd
alors qu’il prie pour que son maître réussisse un examen très important et le
retrouve quand son maître souhaite qu’il ne meure pas. Je trouve qu’il y a une
symbolique très forte. La parole du chat amène tout un questionnement et, une
remise en question du judaïsme et des origines de l’humanité. Elle montre que
la chat est un être particulièrement intelligent, il sait lire et a des connaissances
qu’il a acquises en même temps que sa maîtresse. La deuxième fois qu’il
retrouve la parole, le Chat fait comprendre à son maître que si ce dernier ne l’entendait
plus, c’est parce qu’il ne l’écoutait pas vraiment. Du coup, cette question m’a
fait réfléchir : et si mon chat voulait me communiquer quelque chose lui
aussi et que je n’y faisais pas attention ? Je suis donc allée le voir
(oui, j’ai mené l’expérience jusqu’au bout) et mis à part m’éternuer dessus, il
n’a rien fait d’autres.
Je classe ce film d’animation
dans mes coups de cœur parce que ça m’a fait réfléchir à pas mal de choses et
parce que ça parle de chat qui parle (on ne change pas une équipe qui gagne.. Ahah !)
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