Auteure : Agatha
Christie
Editions : Le
Livre de Poche
Genre : Policier
Date de sortie : 1993
Nombre
de pages : 224
Quatrième de couverture
Quatrième de couverture
En
a-t-on parlé de l’Ile du Nègre ! Elle avait, selon certains bruits, été
acheté par une star hollywoodienne. Quelques journaux avaient insinué que l’Amirauté
britannique s’y livrait à des expériences ultra-secrètes. On avait aussi parlé
d’un richissime Yankee… Bref, quand ils reçurent – sans savoir de qui – cette invitation
à passer des vacances à l’Ile du Nègre, tous les dix – du juge au play-boy en
passant par la secrétaire – accoururent. Mais, à l’Ile du Nègre, l’hôte
mystérieux était absent et, dès le premier soir, un disque était placé sur le
gramophone, les accusant chacun d’un crime. La panique s’empara des invités…
Mon
avis
Je possède ce livre depuis
plusieurs années dans ma bibliothèque et c’est une bande annonce de la
mini-série de 2015 qui m’a donné envie de le lire. C’est le premier roman
d’Agatha Christie que je lis (shame on me !). Au moment de commencer la
lecture, j’étais dans la perspective d’assister à un Cluedo (le célèbre jeu de
société où il faut découvrir le meurtrier).
Agatha Christie est une
auteure incroyable que je découvre par ce roman policier. Elle a vraiment ce
don de nous maintenir en haleine tout le long de son histoire et de la même
manière que les personnages, on en vient à suspecter tout le monde par les
preuves qu’elle a décidé de laisser au lecteur. Et sans son épilogue, on serait
encore en train de se poser des questions. Mais honnêtement, heureusement
qu’elle l’a fait parce que j’ai vraiment du mal avec les histoires qui ne
répondent pas à toutes mes questions.
Autant qu’on se le dise, il
est question de meurtres et chaque personnage a quelque chose à se reprocher,
ce sont tous des personnes qui ont échappé à la justice par ruse ou par
faux-semblant. Mais aux yeux de Mr. O’Nyme, le meurtrier, ils sont tous
coupables même sans preuves. On constate rapidement que les personnages se
classent en trois catégories : ceux
qui se voilent la face sur leur degré de culpabilité (Emily Brent, Thomas
& Ethel Rogers et William Blore), ceux
qui savent qu’ils l’ont vraiment fait mais le cachent (Dr. Armstrong, Général
MacArthur, Vera Claythorne et le Juge Wargrave) et enfin, ceux qui ne cachent rien et n’ont pas de remords (Philip Lombard et
Anthony Marston). En règle générale, tous les personnages n’ont aucune
compassion les uns envers les autres. Au fur et à mesure des meurtres, ils
finissent par oublier les morts et se concentrent sur eux-mêmes. Certes, ils ne
se connaissent pas personnellement mais parviennent à autre chose avec
simplement la crainte d’être le prochain. C’est vraiment intéressant de voir
comment peuvent évoluer des gens mis à un même niveau de
« culpabilité » malgré leur rang social. Et ils ont tous l’air
suspicieux et on l’est tout autant pour chacun d’entre eux.
Au final, j’ai beaucoup
apprécié le roman d’Agatha Christie mais je ne m’attendais pas à ne pas avoir (double négation de la mort) de résolution de l’enquête par un inspecteur-détective ou toute autre personne
de la police. Du coup, ça donne un caractère tout à fait unique à l’œuvre et il
est tout de même très important de lire l’épilogue pour comprendre le point
final de l’histoire sinon le lecteur reste dans le flou et n’a que des soupçons
jusqu’au dernier moment. On ressort de cette lecture avec un sentiment de
huis-clos et d’enfermement (comme j'ai pu le ressentir dans le roman de George Orwell, 1984).
Titre original : And Then There Were None
Réalisation : Sarah
Phelps (BBC)
Année : 2015
Durée :
3
épisodes de 55 minutes
Mon
analyse
La bande annonce passée
récemment (pendant les fêtes de fin d’année) sur TF1 était vraiment très
attractive et m’a poussé à lire le livre pour ensuite regarder cette
adaptation. C’est une mini-série avec pleins d’acteurs du petit écran dont Toby
Stephens, le fameux (et mon préféré) Mr. Rochester de l’adaptation Jane Eyre. Le Juge Wargrave est joué par Tywin
Lannister de Game Of Thrones rien que
ça et honnêtement, avec la petite musique et l’ambiance, le générique me fait
penser à un « Game of Thrones de la statuette ». Donc, quand on
retrouve Tywin juste après, c’est bon on est à Port Réal. Enfin voilà, plein de
belles petites surprises.
La réalisatrice a beaucoup
misé sur les prises de vue et c’est tout ce qui fait l’ambiance de la série.
L’île et l’atmosphère donnent le même sentiment que dans le livre : celle
du huis-clos. Le temps orageux ajoute au côté lugubre du lieu. Malgré cette
sensation permanente d’insécurité, ça reste de magnifiques paysages et des
images vraiment très belles.
La différence la plus
flagrante entre le livre et la mini-série est le changement du nom de l’île, on
passe de « l’île du Nègre » à « l’île du Soldat », il en va
de même pour la comptine. Pour la personne qui a lu le livre avant de voir
cette adaptation, plusieurs indices ont été laissés (de la même manière que le
Petit Poucet sème ses cailloux). Comme un signe avant-coureur, le tout début du
premier épisode se concentre davantage sur le personnage de Vera Claythorne.
Elle est mise en avant mais n’est plus la même Miss Claythorne du livre, c’est
une jeune femme beaucoup plus sombre et plus ébranlée par la vie. Il s’est
opéré un véritable inversement entre son personnage et celui du Dr. Armstrong
dans cette adaptation, en effet, lui n’est pas aussi impliqué et elle l’est
beaucoup plus. D’ailleurs, la scène de l’hystérie se passe pour le Docteur et c’est
Vera qui lui met une gifle. Cela montre une implication plus profonde de la
part de la jeune femme. En parlant du Dr. Armstrong, ses problèmes d’alcoolémie
ne sont pas du tout résolus dans la série. Quant aux personnages de Mr. et Mrs.
Rogers, ils sont vraiment terrifiants, surtout Mr. Rogers, personnellement, il
me fait penser à la créature de Frankenstein (super flippant quoi), il est
pâle, sinistre, a des cicatrices et domine complètement sa femme, ce qui nous
amène rapidement à penser qu’il est le meurtrier. Comparé au livre, le Juge
Wargrave est beaucoup « renfermé », il ne fait pas de grands discours
et reste plutôt humble, à ce stade, on en sait beaucoup moins sur lui que sur
tous les autres. Mais certains indices laissent à présager qu’il pourrait être
impliqué (le fait qu’il soit atteint d’un cancer (dans le sens où il n’a donc
plus rien à perdre) et on ne montre que très peu d’images de lui avant son
arrivée sur l’île). Enfin bref, selon moi, ces éléments jouent sur sa
culpabilité. En plus de tout ça, j’aime beaucoup l’idée de faire parler les
personnages pour ensuite montrer complètement l’inverse en images. Ainsi, quand
un des personnages tente d’expliquer son innocence du crime dont on l’accuse,
on voit le contraire apparaître à l’écran. Maintenant, en ce qui concerne la
fin de la mini-série (ATTENTION ? SPOILER ALERT), ce n’est pas tout à fait
pareil : le Juge Wargrave par son côté plus « humble » n’envoie
pas une « bouteille à la mer » pour expliquer au monde entier son
acte mais se confie simplement à Vera, il n’est plus question de renommée mais
d’une simple explication des faits pour les téléspectateurs. De plus, quelques
questions restent sans réponses mais ça ne gêne pas tant que ça.
Pour résumer, malgré quelques
différences qui ne portent pas à préjudice, c’est une très bonne adaptation des
Dix petits nègres d’Agatha Christie.
On ressent ce même sentiment de lourdeur et d’enfermement que dans le livre.
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