Auteur : Joseph
Joffo
Editions : Le
Livre de Poche
Genre : Roman
autobiographique
Date de sortie : 2017
Nombre
de pages : 288
Quatrième de couverture
Quatrième de couverture
Paris,
1941. La France est occupée. Joseph et Maurice, deux frères juifs âgés de dix
et douze ans, partent seuls sur les routes pour tenter de gagner la zone libre.
Mon
avis
Je me promenais dans les
rayons de Cultura quand je suis tombée sur ce livre, j’avais vaguement entendu parler
de son adaptation récente au cinéma mais sans plus… Je ne savais pas qu’il
était à classer parmi les classiques comme La
Guerre des Boutons de Louis Pergaud et Si
c’est un homme de Primo Levi.
Je ne connaissais pas du
tout Joseph Joffo avant la lecture de ce livre et je le regrette. Sincèrement,
il est un exemple pour toutes les générations qui précèdent et qui suivront. Le
titre de son roman autobiographique vient de l’innocence du meilleur copain de
Joseph, Zeratti qui veut échanger son sac de billes contre l’étoile jaune de Joseph.
En commençant à lire, je
pars avec l’idée que le livre consistera dans sa totalité au périple des deux
petits garçons à travers toute la France de 39-45 pour atteindre la zone libre
mais en réalité, ils y parviennent assez rapidement. C’est plutôt l’histoire
d’une famille qui se sépare, se retrouve, se sépare… et qui, malheureusement,
perd un de ses membres aux dernières retrouvailles. Pendant tout leur parcours,
Joseph et Maurice nous montrent la réalité de la fameuse « zone
libre » et surtout celle des Français collabos. Ce sont des enfants
obligés de devenir des adultes bien trop tôt mais ils sont déjà tellement
matures et extrêmement malins, en effet, ils savent rapidement se sortir des
situations compliquées. Leur enfance aura été un enchevêtrement de dangers à
éviter, de petits coups de pouce du Destin, d’aides incroyables et de
« voyages »-découvertes à travers toute la France de l’époque.
Ce livre est
incroyable ! En sachant que c’est une autobiographie, on est ébloui par la
maturité des deux enfants et on est tellement attristé par cette enfance passée
à fuir. Toutefois, même s’ils se comportent déjà comme des adultes, cette
histoire est vue à travers des yeux d’enfants.
Je
me trouve rue Marcadet chez ma tante au moment où je lis ce livre et où j’écris
cet article, exactement à l’endroit où les petits Joseph et Maurice Joffo ont
couru et joué aux billes. C’est une coïncidence qui m'émeut beaucoup.
Titre original : Un sac de billes
Réalisation : Jacques
Doillon
Année : 1975
Durée :
1h35
Mon
analyse
Après la lecture d’Un sac de billes, j’ai tout de suite
regardé quelles en étaient les adaptations, il s’est avéré qu’il n’y en avait
que deux, celle de Jacques Doillon et plus récemment, celle de Christian
Duguay.
C’est la première
adaptation du roman autobiographique de Joseph Joffo. Deux ans après la sortie
de ce livre, Jacques Doillon en fait son adaptation.
Dans mon analyse du livre,
je disais que les deux garçons faisaient preuve de maturité, mais dans cette
adaptation, il est question de TROP de maturité, ils n’ont plus l’insouciance
des enfants et sont déjà des adolescents avec leurs problèmes hormonaux. L’une
des scènes les montre dans un quartier de prostituées et Maurice en paye une
pour lui toucher les seins, il a des préoccupations différentes que vouloir se
sauver lui et sa famille. Maurice est très insolent avec tout le monde et
particulièrement avec son père. Les deux garçons ne sont reconnaissants de rien
envers personne et sont par moment insupportables. En ce qui concerne le père,
il est aussi différent du livre, il dit à ses enfants de porter fièrement
l’étoile et il a beaucoup de mal à se décider à laisser partir ses deux
derniers, c’est la mère qui tente de le convaincre. Dans la suite du roman, alors qu’ils sont tous
enfermés et se cachent, le père pète un plomb et n’est plus l’homme calme du
livre, parfois même il s’abandonne à son malheur. En parlant des deux parents, l’un
des grands frères ne va pas les aider quand ils sont arrêtés la
première fois. Les scènes pour passer en
zone libre diffèrent aussi du roman. Pour commencer, Maurice et Joseph ne
livrent pas la viande du passeur Raymond, et ils vont voir un second passeur, ensuite, ils
ne rencontrent pas une autre famille pour les aider, et enfin, Raymond les cache dans un
grand bac à roulettes avant de traverser une rue pour être en zone libre. Et à
l’arrivée, il n’y a pas de ferme ni de vieil homme.
La question du travail est
aussi différente. Ce n’est pas leur préoccupation première de ramener de
l’argent à la maison, ils le font plus par défi. Même au camp des jeunes, ils
ne travaillent pas mais montent des spectacles sur l’histoire de France. Il y a
aussi moins d’images de leurs trajets, on ne les voit pas beaucoup marcher mais
arriver directement à leur destination. Les deux petits affrontent plus la vie
que la guerre. Ils ne sont pas vraiment dans une volonté de s’en sortir dans le
sens où ils veulent plus s’amuser qu’autre chose contrairement au livre où ils
sont très responsables et pensent tout de suite aux conséquences de leurs
actes. De plus, le réalisateur a laissé libre cours au jeu de ses acteurs, même
quand ils rigolent, il ne coupe pas la caméra. Il filme simplement et les
laisse s’exprimer.
Contrairement au livre, il
y a aussi de petites différences dont voici une petite énumération : les
Allemands partent du salon en cours de coiffure quand ils apprennent que c’est
un salon juif, les deux grands frères ne sont pas encore partis en zone libre
quand les Joffo sont obligés de porter l’étoile jaune, dans le premier train
qu’ils prennent pour le Sud, les enfants ne rencontrent pas la grand-mère à la
limonade et le curé ne leur vient pas spontanément en aide (Maurice lui dit
qu’ils ont perdu leurs papiers), ils ne sont pas aidés par l’homme à la calèche,
ils inventent seuls l’histoire de l’Algérie car l’ami d’Alger n’existe pas, le
médecin ne les aide pas quand ils sont emmenés par des Allemands, ils ne vont
pas chez leur sœur puisqu’ils n’en ont pas, le libraire n’a pas de fils et de
femme mais juste une fille, il se passe quelque chose entre Joseph et Françoise,
et Joseph « n’aide » pas le libraire.
J’ai vaguement apprécié ce
film, c’est une version un peu simplifiée de l’histoire des deux petits garçons
mais retrace quand même les grandes lignes de leur fuite continuelle.
🌍
Titre original : Un sac de billes
Réalisation : Christian
Duguay
Année : 2017
Durée :
1h50
Mon
analyse
Il m’a fallu attendre la
sortie en DVD pour avoir la chance de regarder cette adaptation et je ne suis
absolument pas déçue.
Cette version d’Un sac de billes met en scène plusieurs
acteurs connus du petit et du grand écran dont Patrick Bruel, Elsa Zylberstein,
Christian Clavier, Kev Adams ou encore Bernard Campan. Le réalisateur Christian Duguay s’est
inspiré de la première adaptation de Jacques Doillon pour son film, cela se
ressent dans certains petits détails (marqués par l’astérisque « *J.D. »
dans la suite de l’article).
La fidélité du film au
livre est remarquable même si certains détails ont été modifiés ou complètement
supprimés sans pour autant en modifier le caractère fort et l’histoire du
roman. Les scènes du premier train qu’ils prennent pour le Sud diffèrent parce
qu’elles ont été restreintes, de ce fait, les enfants ne font pas la
connaissance de la grand-mère à la limonade, l’Allemand ne plaisante pas avec
le curé et ce dernier ne partage pas un repas avec les deux garçons. Le
personnage de Joseph est tantôt en train de faire une crise de larmes et tantôt
en train de donner des coups de pied à un Allemand à terre (cette scène est d’ailleurs
très étrange puisque son supérieur rit de leur comportement). Il n’est pas
toujours courageux mais décuple parfois une grande force. Quant au médecin
juif, il joue un rôle plus important car il réapparaît deux fois pour encourager
Joseph à s’en sortir.
Le père est beaucoup plus
présent dans ce film que dans le livre, les enfants le croisent plusieurs fois
au fil de leurs péripéties dont celle où ils parviennent enfin à se libérer de
l’Hôtel Excelsior à Nice, ils le retrouvent brièvement. Ils essaient de rester
tous au maximum en famille, de ce fait, les parents vont jusqu’à accompagner les
deux plus jeunes au camp de jeunesse.
La violence de certaines
scènes sert aussi à rappeler le contexte dans lequel Maurice et Joseph
évoluent. Ainsi, l’exécution de Ferdinand ou encore celles des résistants sont
particulièrement dures. Même la fameuse scène de la gifle du père est
difficile, qui plus est, il n’y en a pas qu’une seule. Cette violence se
ressent aussi pendant la traversée en zone libre par Raymond car un autre
passeur et plusieurs familles non loin d’eux se font arrêter par des Allemands,
et au vu du bruit des rafales à travers la forêt, certains ont dû être
mitraillés. A la fin du film, le petit Joseph veut mettre fin à toute cette
violence contre le collabo qui l’a employé en criant « Je suis Juif »,
c’est une scène importante et vraiment touchante parce que, pendant plusieurs
années, il lui a été interdit de le dire alors une fois la guerre terminée, il
se sent libre de le crier tout en sauvant le libraire d’une exécution
immédiate.
En ce qui concerne les
petits détails « insignifiants » : Maurice fume (*J.D.), les
deux grands frères ne sont pas encore partis au moment de l’arrivée de l’étoile
jaune (*J.D.), ils ne font pas la tournée de viandes de Raymond (*J.D.),
Maurice ne fait pas passer d’autres familles contre de l’argent, d’ailleurs il
préfère parfois les filles au travail (*J.D.), Joseph ne travaille pas dans la
montagne, il y a une véritable histoire entre Françoise et Joseph, il n’est pas
le premier à partir pour Paris et n’a pas les problèmes du livre avec les
résistants qui l’empêchent de partir, et enfin, les deux Joffo assistent à la
tonte des femmes qui ont eu des relations avec les Allemands.
J’ai vraiment beaucoup aimé
cette adaptation de Christian Duguay. Il nous montre la belle complicité entre
les deux plus jeunes frères mais aussi entre la famille au complet. Et comme
l’histoire fait partie de l’Histoire, on pleure aussi beaucoup. Le film est,
dans son ensemble, très fidèle au livre de Joseph Joffo, ce qui en fait une
très bonne adaptation.
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