Auteur : Grand
Corps Malade
Editions : Don
Quichotte
Genre : Autobiographie
Date de sortie : 2012
Nombre
de pages : 168
Quatrième de couverture
Quatrième de couverture
« J’ai
envie de vomir.
J’ai
toujours été en galère dans les moyens de transport, quels qu’ils soient. J’ai
mal au cœur en bateau, bien sûr, mais aussi en avion, en voiture… Alors là,
allongé sur le dos à contresens de la marche, c’est un vrai calvaire.
Nous
sommes le 11 août et il doit bien faire 35 degrés dans l’ambulance. Je suis en
sueur, mais pas autant que l’ambulancier qui s’affaire au-dessus de moi ;
je le vois manipuler des tuyaux, des petites poches et plein d’autres trucs
bizarres. Il a de l’eau qui lui glisse sur le visage et qui forme au niveau du
menton un petit goutte-à-goutte bien dégueulasse.
Je
sors tout juste de l’hôpital où j’étais en réanimation ces dernières semaines.
Om me conduit aujourd’hui dans un grand centre de rééducation qui regroupe
toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques,
traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés…
À
tout juste vingt ans, alors qu’il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond
d’une piscine et se déplace les vertèbres. Les médecins diagnostiquent une
probable paralysie à vie. Il relate ici, dans le style poétique, drôle et
incisif qu’on lui connaît, les péripéties truculentes, parfois cocasses, vécues
avec ses colocataires d’infortune dans un centre de rééducation pour handicapés.
Jonglant entre émotion et dérision, ce récit est aussi celui d’une renaissance.
Mon
avis
Après avoir vu le film Patients, je trouvais intéressant de
lire l’autobiographie de son réalisateur.
Grand Corps Malade, de son
vrai nom Fabien, est un slameur reconnu dans le milieu de la musique mais, à
mon sens, c’est avant tout un très grand poète. Les premières pages de Patients sont tirées de ses slams Sixième sens et Je dors sur mes deux oreilles et sont automatiquement
lues comme telles. Ils y retracent son accident, ses sensations et son
expérience en centre de rééducation, exactement comme il le fait dans la suite
de son autobiographie. Il nous raconte sous deux formes ce qui a bouleversé sa
vie. Ces musiques se trouvent d’ailleurs dans la Bande Originale du film. Je
vous conseille vivement de les écouter.
Après l’énumération de ceux
qui se trouvent au centre de rééducation où tous les cas sont graves, l’humour (ou
la pointe d’ironie, à vous de juger) de Fabien entre tout de suite en scène
avec cette phrase : « Bref, je sens qu’on va bien s’amuser ». On
comprend rapidement que le terme « patients » prend tout son sens, ce
n’est pas le simple fait d’être un patient mais d’être patient. La patience est
primordiale et comme il le dit lui-même : « Un bon patient sait
patienter ».
La première question que je
me pose en lisant cette histoire est purement égoïste : qu’est-ce que je
ferais si ça m’arrivait ? Est-ce que j’aurais autant de courage que toutes
ces personnes ? Ils sont tous très impressionnants et Fabien nous offre
une grande leçon de vie. Parce qu’il garde toujours espoir, on ne le voit pas
flancher et il continue à progresser jusqu’au bout. Ce livre revêt un caractère
pédagogique difficile parfois à entendre mais bon à savoir.
Avec quel sang-froid et
quel humour (et de l'autodérision), Grand Corps Malade nous retrace ce qu’il a vécu, c’est incroyable !
Cette autobiographie du slameur est magnifique, il faut absolument la lire,
elle nous apprend tant de choses !
Titre original : Patients
Réalisation : Grand
Corps Malade et Mehdi Idir
Année : 2017
Durée :
1h50
Mon
analyse
Je suis partie sur l’idée
que, malgré le thème et l’histoire vraie du film, on allait bien rire et c’est
complètement le cas.
Grand Corps Malade adapte
sa propre autobiographie avec Mehdi Idir. Dans un reportage, j’ai entendu le
slameur dire que le film avait été réalisé avec des moyens restreints, ce qui
ne l’empêche pas d’être très émouvant et parfaitement réalisé.
Le personnage principal est
devenu Ben au lieu de Fabien, le vrai prénom de Grand Corps Malade. Tout le
début de l’adaptation nous donne l’impression d’un véritable huis clos
hospitalier pour lui, la caméra joue les yeux de Ben et donc ceux du spectateur
puisqu’il perçoit autant que lui, cela se joue aussi au niveau du son. Ce n’est
que par l’arrivée de son fauteuil électrique que Ben parvient enfin à
s’échapper de ce qui est devenu son quotidien. L’atout principal du film est l’humour,
les blagues fusent entre paraplégiques et tétraplégiques qui osent même les plus
crues, elles nous font pousser des « Roh », des « Ah »
tantôt un peu indignés, tantôt choqués mais surtout amusés.
Tandis que l’autobiographie
est à la première personne, le livre nous fait directement vivre la vie de
Fabien/Ben et tout ce qu’il raconte sur ce qu’il a pu apprendre durant son
année là-bas est raconté par d’autres personnages et particulièrement par Farid
qui lui explique le fonctionnement complet de l’établissement. Les parents ont
un rôle plus important dans le film et permettent de mettre en scène les
moments « gênants » où ils ne savent plus quoi dire à leur fils alors
que celui-ci garde le moral, au moins devant eux.
La différence majeure entre
le livre et le film est l’absence de bon nombre de personnes que rencontre
Fabien/Ben. Dans l’autobiographie, il nous les énumère toutes, car elles ont,
chacune à leur manière, marqué sa vie au centre de rééducation. Toutefois, on
comprend très bien pourquoi le nombre a été réduit pour les besoins du film et
cela permet aux spectateurs de ne pas se perdre entre tous les personnages et
de s’attacher au petit groupe. Ainsi, Ernest, Chantal, José, Alain, Dallou,
Richard, Max et tant d’autres ne font pas partie du film tandis que d’autres ont
été fusionnés. En effet, le personnage de Steeve reprend la fameuse réplique (« Bienvenue
chez toi ») et la situation de Nicolas. Tandis que le Traumatisé Crânien Kévin est
devenu Samir dans le film. L’adaptation respecte l’ordre chronologique des
événements alors que dans le livre, Fabien raconte son histoire au fil de ses
souvenirs. De ce fait, dans le livre, Farid arrive beaucoup plus loin alors qu’il
prend toute son importance dès le début du film, d’ailleurs, ce n’est pas Toussaint
le « chef de gang » mais bien Farid. De plus, malgré les séances de
kiné et le jeu du « passe-moi le sel », le film revêt plus un
caractère psychologique quand le livre ajoute un aspect plus « technique »
où Fabien/Ben parle du fait d’écrire, de jouer à des jeux manuels, d’enfiler
des perles, etc.
En ce qui concerne les
petites différences, Ben n’a pas de sœur et de copine, de ce fait, il n’y a pas
de véritable histoire avec Samia, il ne sort pas du tout même accompagné avant
son fauteuil électrique, des copines ne viennent pas lui rendre visite,
François le kiné n’a pas le front dégarni, Ben ne voit pas Steeve avant qu’il
ne fasse un coma éthylique, Farid ne quitte pas le centre avant Ben, les amis
basketteurs du jeune homme ont un rôle important, on ne le voit pas progresser
avec les béquilles, Ben rentre chez lui et ne va pas dans un autre centre, et
enfin, avec Farid, ils ne rendent pas visite à Toussaint dans les Alpes.
C’est un film extrêmement
touchant ! Si vous n’avez pas lu le livre, je vous conseille de voir le
film. Il est vraiment magnifique (ma mère le confirme) et Pablo Pauly, qui
interprète Ben, livre une très belle performance. C’est un gros coup de
cœur !
Le clip « Espoir adapté » est très
beau et la musique est juste sublime !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire