mercredi 31 mai 2017

Patients

Auteur : Grand Corps Malade
Editions : Don Quichotte
Genre : Autobiographie
Date de sortie : 2012
Nombre de pages : 168

Quatrième de couverture
« J’ai envie de vomir.
J’ai toujours été en galère dans les moyens de transport, quels qu’ils soient. J’ai mal au cœur en bateau, bien sûr, mais aussi en avion, en voiture… Alors là, allongé sur le dos à contresens de la marche, c’est un vrai calvaire.
Nous sommes le 11 août et il doit bien faire 35 degrés dans l’ambulance. Je suis en sueur, mais pas autant que l’ambulancier qui s’affaire au-dessus de moi ; je le vois manipuler des tuyaux, des petites poches et plein d’autres trucs bizarres. Il a de l’eau qui lui glisse sur le visage et qui forme au niveau du menton un petit goutte-à-goutte bien dégueulasse.
Je sors tout juste de l’hôpital où j’étais en réanimation ces dernières semaines. Om me conduit aujourd’hui dans un grand centre de rééducation qui regroupe toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés…
Bref, je sens qu’on va bien s’amuser. »
À tout juste vingt ans, alors qu’il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond d’une piscine et se déplace les vertèbres. Les médecins diagnostiquent une probable paralysie à vie. Il relate ici, dans le style poétique, drôle et incisif qu’on lui connaît, les péripéties truculentes, parfois cocasses, vécues avec ses colocataires d’infortune dans un centre de rééducation pour handicapés. Jonglant entre émotion et dérision, ce récit est aussi celui d’une renaissance.
Mon avis

Après avoir vu le film Patients, je trouvais intéressant de lire l’autobiographie de son réalisateur.

Grand Corps Malade, de son vrai nom Fabien, est un slameur reconnu dans le milieu de la musique mais, à mon sens, c’est avant tout un très grand poète. Les premières pages de Patients sont tirées de ses slams Sixième sens et Je dors sur mes deux oreilles et sont automatiquement lues comme telles. Ils y retracent son accident, ses sensations et son expérience en centre de rééducation, exactement comme il le fait dans la suite de son autobiographie. Il nous raconte sous deux formes ce qui a bouleversé sa vie. Ces musiques se trouvent d’ailleurs dans la Bande Originale du film. Je vous conseille vivement de les écouter.

Après l’énumération de ceux qui se trouvent au centre de rééducation où tous les cas sont graves, l’humour (ou la pointe d’ironie, à vous de juger) de Fabien entre tout de suite en scène avec cette phrase : « Bref, je sens qu’on va bien s’amuser ». On comprend rapidement que le terme « patients » prend tout son sens, ce n’est pas le simple fait d’être un patient mais d’être patient. La patience est primordiale et comme il le dit lui-même : « Un bon patient sait patienter ».

La première question que je me pose en lisant cette histoire est purement égoïste : qu’est-ce que je ferais si ça m’arrivait ? Est-ce que j’aurais autant de courage que toutes ces personnes ? Ils sont tous très impressionnants et Fabien nous offre une grande leçon de vie. Parce qu’il garde toujours espoir, on ne le voit pas flancher et il continue à progresser jusqu’au bout. Ce livre revêt un caractère pédagogique difficile parfois à entendre mais bon à savoir.


Avec quel sang-froid et quel humour (et de l'autodérision), Grand Corps Malade nous retrace ce qu’il a vécu, c’est incroyable ! Cette autobiographie du slameur est magnifique, il faut absolument la lire, elle nous apprend tant de choses !



Titre original : Patients
Réalisation : Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Année : 2017
Durée : 1h50

Mon analyse


Je suis partie sur l’idée que, malgré le thème et l’histoire vraie du film, on allait bien rire et c’est complètement le cas.

Grand Corps Malade adapte sa propre autobiographie avec Mehdi Idir. Dans un reportage, j’ai entendu le slameur dire que le film avait été réalisé avec des moyens restreints, ce qui ne l’empêche pas d’être très émouvant et parfaitement réalisé.

Le personnage principal est devenu Ben au lieu de Fabien, le vrai prénom de Grand Corps Malade. Tout le début de l’adaptation nous donne l’impression d’un véritable huis clos hospitalier pour lui, la caméra joue les yeux de Ben et donc ceux du spectateur puisqu’il perçoit autant que lui, cela se joue aussi au niveau du son. Ce n’est que par l’arrivée de son fauteuil électrique que Ben parvient enfin à s’échapper de ce qui est devenu son quotidien. L’atout principal du film est l’humour, les blagues fusent entre paraplégiques et tétraplégiques qui osent même les plus crues, elles nous font pousser des « Roh », des « Ah » tantôt un peu indignés, tantôt choqués mais surtout amusés.

Tandis que l’autobiographie est à la première personne, le livre nous fait directement vivre la vie de Fabien/Ben et tout ce qu’il raconte sur ce qu’il a pu apprendre durant son année là-bas est raconté par d’autres personnages et particulièrement par Farid qui lui explique le fonctionnement complet de l’établissement. Les parents ont un rôle plus important dans le film et permettent de mettre en scène les moments « gênants » où ils ne savent plus quoi dire à leur fils alors que celui-ci garde le moral, au moins devant eux.

La différence majeure entre le livre et le film est l’absence de bon nombre de personnes que rencontre Fabien/Ben. Dans l’autobiographie, il nous les énumère toutes, car elles ont, chacune à leur manière, marqué sa vie au centre de rééducation. Toutefois, on comprend très bien pourquoi le nombre a été réduit pour les besoins du film et cela permet aux spectateurs de ne pas se perdre entre tous les personnages et de s’attacher au petit groupe. Ainsi, Ernest, Chantal, José, Alain, Dallou, Richard, Max et tant d’autres ne font pas partie du film tandis que d’autres ont été fusionnés. En effet, le personnage de Steeve reprend la fameuse réplique (« Bienvenue chez toi ») et la situation de Nicolas. Tandis que le Traumatisé Crânien Kévin est devenu Samir dans le film. L’adaptation respecte l’ordre chronologique des événements alors que dans le livre, Fabien raconte son histoire au fil de ses souvenirs. De ce fait, dans le livre, Farid arrive beaucoup plus loin alors qu’il prend toute son importance dès le début du film, d’ailleurs, ce n’est pas Toussaint le « chef de gang » mais bien Farid. De plus, malgré les séances de kiné et le jeu du « passe-moi le sel », le film revêt plus un caractère psychologique quand le livre ajoute un aspect plus « technique » où Fabien/Ben parle du fait d’écrire, de jouer à des jeux manuels, d’enfiler des perles, etc.

En ce qui concerne les petites différences, Ben n’a pas de sœur et de copine, de ce fait, il n’y a pas de véritable histoire avec Samia, il ne sort pas du tout même accompagné avant son fauteuil électrique, des copines ne viennent pas lui rendre visite, François le kiné n’a pas le front dégarni, Ben ne voit pas Steeve avant qu’il ne fasse un coma éthylique, Farid ne quitte pas le centre avant Ben, les amis basketteurs du jeune homme ont un rôle important, on ne le voit pas progresser avec les béquilles, Ben rentre chez lui et ne va pas dans un autre centre, et enfin, avec Farid, ils ne rendent pas visite à Toussaint dans les Alpes.

C’est un film extrêmement touchant ! Si vous n’avez pas lu le livre, je vous conseille de voir le film. Il est vraiment magnifique (ma mère le confirme) et Pablo Pauly, qui interprète Ben, livre une très belle performance. C’est un gros coup de cœur ! 


Le clip « Espoir adapté » est très beau et la musique est juste sublime !

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